Le 3 août 1944, trois hommes ont été fusillés ici, alors qu'ils voulaient prendre à revers une colonne allemande. Après la guerre, on décida de leur rendre hommage. Comment ? En érigeant une croix de Lorraine sur un menhir. Voici le détail de la mise en oeuvre, évoqué par Marcel Drano, dans un courrier adressé à la mairie. J'ai copié ce courrier sur le site
Souvenir français de Pipriac« Nous avions constitué un comité patriotique pour fêter la libération de Pipriac, quelques noms me reviennent en mémoire : M.M Ie curé Colleu, Jean Daniel, Jules Roussiere, François Pommier, Francis Gueuthier, Henri Joly, Emile Colichet. J'appartenais moi-même à ce comite et je fus charge d'edifier un monument en souvenir du sacrifice des trois patriotes, Boursier, Huré, Vuillemin - qui coïncidait avec la libération de ce pays de Pipriac.
Mon choix se fixa sur un menhir, d’une part parce que c'était la solution la moins couteuse, d’autre part parce que ce choix restait dans le cadre historique de notre région. Mais faute de pouvoir mettre tout de suite notre projet à exécution, car il fallait trouver le menhir en question, je construisais avec l'aide de Jean Daniel une croix de Lorraine et il fut décidé qu'elle serait mise en place au retour des prisonniers et portée par eux a l'emplacement ou serait dressé le menhir l'année suivante. Ceci fut fait à la suite d'une cérémonie religieuse à laquelle assistait une foule nombreuse.
La croix placée sur un brancard construit pour la circonstance fut portée sur les épaules des prisonniers jusqu'a l'emplacement ou le menhir se dresse aujourd'hui.
Puis l'on chercha le menhir et c'est Emile Colichet qui le trouva, a Saint-Just sur un terrain appartenant a M. Bocherel qui en fit don en déclarant" Pour ceux qui tant donne leur vie ,je peux bien donner un caillou." Mais pour enlever ce menhir il fallait l'autorisation de la Société Archéologique de Rennes car il était classé. Après bien des démarches il nous fut donné satisfaction, d'une part parce que le menhir était tombé - et la Société Archéologique n'avait pas les moyens de le remettre debout - d'autre part à condition que le monument ne quitte pas la région. N'ayant pas les moyens de le transporter (il pesait environ 10 tonnes) on fit appel a l'armée de Coëtquidan qui dépêcha une équipe du génie qui transporta le menhir, mais au moment de le mettre debout à la suite de fausses manœuvres, le menhir fut abandonné dans une position dangereuse par rapport à la route.
En ce qui me concerne je devais quitter Pipriac étant nomme à Blain et tout resta un mois environ dans cette fâcheuse position. Ayant obtenu un congé je revins à Pipriac et avec l'aide de M. Prudhomme, ancien légionnaire, nous montâmes un échafaudage et quelques jours plus tard avec un treuil, dont je revois encore Francis Gueuthier, Jean Daniel, Jules Roussiere et Emile Colichet tourner la manivelle le menhir fut dressé à l'emplacement qui est encore le sien aujourd'hui. Cela devait se passer en Juillet -Août 1946, peut-être même en Septembre.
Enfin il y eut une grande manifestation à laquelle vinrent assister de nombreuses délégations de prisonniers, de déportés et de patriotes, venus de toute la région (certaines délégations venaient de Rennes). Présidée par le Sous-préfet de Redon et le General Allard, cette cérémonie réunit de nombreux parlementaires et Maires ainsi qu'un grand nombre d'officiers. Une brigade, placée sous les ordres du commandant Roche présenta les armes à l'église, au monument aux morts et au cours de l'inauguration du monument. Le menhir fut dévoilé par M. Justhau , minotier à St Seglin en présence de Louis Petri (Loulou). L'assistance était si nombreuse, qu'en dehors de la délégation, la foule ne put entrer ni dans l'église ni dans le cimetière. Alors on hissa trois drapeaux en haut de mâts plantés au pied de chacune des tombes des trois patriotes et l'on se rendit en procession jusqu'au menhir ou eu lieu l'inauguration. »
Il y avait déjà une petite croix à ce carrefour, sur la route de Saint-Séglin: la Croix des Rosaies, qui marquait la tombe d'un prêtre jureur, François Denis, tué par les Chouans en 1794 alors qu'il s'était réfugié chez sa sœur à Pipriac.
Ce homme d'église n'avait pas que des amis (voir les
archives départementales de Loire-Atlantique)
On lui devrait quelques miracles depuis...