Quand les tiges de sarrasin rougissent, elles paraissent allumées. Le rouge vif ne dure pas très longtemps et vire au roux, puis au roux brun, puis au brun, qui s'harmonise avec les champs labourés.
Promenades, flaneries et musardises en Pays de Vilaine. Ce blog prend la suite et remplace l'ancien "Musardise", actuellement en panne. il est donc en construction. Les thèmes et sujets sont les mêmes.... . Les commentaires anciens n'ont pas pu être conservés, hélas.
Les champs de sarrasin quand vient l'automne
La Chapelle Saint-Fiacre, à Trobert, en Renac
Jardiniers et maraîchers du Pays de Redon et d'ailleurs, phytopraticiens de toute obédience, chauffeurs de taxis et de fiacres s'il en existe encore: Si vous souffrez d'hémorroïdes, venez donc péleriner un petit coup du côté de la chapelle Saint-Fiacre, à Renac, dans le joli hameau de Trobert.
Saint-Fiacre est le patron des jardiniers, c'est pourquoi il est représenté avec une bêche, mais il était aussi connu comme guérisseur universel. La légende suggérant qu'il aurait habité à Trobert, dans un ermitage dont on ne retrouve pas de trace, n'a pas de base historique, mais pourquoi pas ? Ce n'est que plusieurs siècles après sa mort, en 670, qu'on édifia cette chapelle, datée du 17è.
Le pardon de la chapelle Saint-Fiacre se déroule en général le dernier dimanche d'août, sinon, elle est toujours fermée.
Il y a de jolies promenades à faire dans le secteur. Comme d'autres hameaux de Renac, Trobert a de jolies maisons anciennes.
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La fête de la galette à Pipriac en 2022
Ici se déroule, une fois par an, un championnat du monde. Eh oui, le championnat du monde de la galette de blé noir. Farine de sarrasin, eau, sel, et puis c'est tout. Une authentique nourriture de pauvre, puisque le sarrasin permettait de valoriser des terres sur lesquelles on avait du mal à cultiver autre chose. Ce n'est pas une céréale, ni même une graminée, mais une pseudo graminée qui doit son nom français à son teint brun, comme celui des sarrasins...(Wikipedia) Et cette petite graine nous vient de Chine, après quelques tribulations. Le sarrasin a failli disparaître du paysage breton, mais on le réutilise maintenant pour la rotation des cultures, pour habiller les sols, pour stabiliser certaines populations d'oiseaux.
La fête de la galette met l'accent sur le passé, les machines agricoles d'autrefois. Il y a des démonstrations de l'usage du fléau, que commentent les anciens qui ont peut-être battu ainsi dans leur jeunesse. On devait faire attention à la synchronisation des coups, sinon...
Les méthodes de culture ont bien changé... et si le blé noir pour les galettes est largement importé depuis la Chine, le Canada, les Pays de l'Est , on assiste à une augmentation des surfaces de culture de cette jolie plante aux tiges rouges.
Côté spectacle, il y avait les bagad et cercles celtiques locaux. Les spectateurs étaient nombreux, très nombreux.
Les danseuses du cercle celtique Korollerien Ar Vro, de Bains-sur Oust, avec leur coiffe gallèse.
Les fours à chaux d'Avessac se délabrent
En septembre 2020
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Albert Poulain va nous manquer
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Albert Poulain, à droite, annonce le concours des mentous (Redon, bogue d'or de 2011) |
Ceux qui ont connu Albert Poulain, même brièvement, lui rendront hommage aussi longtemps qu'ils entendront un chant du pays, une expression bien sonnée, un conte enlevé dont on ne situe pas l'origine, mais peu importe, les contes viennent de partout.
Je suis allée plus d'une fois aux promenades qu'il menait pour découvrir le petit patrimoine local. Promenades, c'est vite dit. Il cavalait sur des kilomètres et des kilomètres, d'un puits à une grange, d'un four couvert de ronces à une ligne de soues en palis, et parlait tout le temps. Quand il ne parlait pas, il chantait. Et dans un cas comme l'autre, on lui répondait irrésistiblement.Quand on regardait une maison, une cheminée, un puits, avec lui, on était parti pour une leçon d'histoire, et surtout d'histoire populaire. Admirait-on tel porche de cour de manoir qu'il nous faisait remarquer l'entrée à côté, celle pour les pauvres qui n'avaient pas droit, eux, de construire des fours et de porter costume de velours. On retenait que chaque nuance de schiste, chaque pierre employée indiquait la carrière, le rang social et les finances du bâtisseur local, chaque canton avait sa façon, reconnaissable, chaque cheminée de ruine datait la construction de manière certaine... et sur les pierres, les fenêtres, les signes et les symboles en architecture locale, ce contou avait un savoir encyclopédique.
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Albert avait la critique sévère sur les restaurations de maisons anciennes; en homme du métier il pointait les incohérences de bâti et prédisait des infiltrations ou des effondrements mérités, mais toujours d'une façon très drôle. Une heure passée avec lui vous dégoûtait des humoristes professionnels. "On s'égare, on s'égare" disait il après une de ses longues digressions. Mais qu'est-ce que c'était intéressant de s'égarer avec lui ! Et à un bonhomme lui reprochant de ne pas avancer assez vite lors d'une de ses conférences sur le patrimoine de Saint-Just : "Quand on n'aime pas la pierre, on n'vient pas ..."
Cet homme là aurait pu avoir dix vies, il les aurait toutes autant remplies. Ce n'est pas à sa bibliographie qu'on peut mesurer son importance, mais au souvenir vivant qu'il a laissé dans le cœur et l'esprit de ceux qui l'ont rencontré, et ils sont nombreux.
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Voici un conte recopié dans Finfinaw et contes de Piperia, recueil signé par Albert Poulain.
Le père curé, voulant faire la charité aux gens de passage dans son presbytère, demanda à sa bonne, qui n’était pas bien fine, de couper en tranches un jambon tout neuf qu’on venait de lui offrir et d’en donner une partie aux malheureux qui se présenteraient.
Le curé devait se rendre à l’évêché. Durant son absence, un gueurzouille, mendiant de son état, passa et demanda la charité. La bonne, se souvenant des recommandations, le reçut bien. Mais ne voulait pas prendre le risque de che à bas* en grimpant sur une chaise, elle demanda au bonhomme d’y monter à sa place et de se servir lui même.
Quand il fut ainsi perché entre jambon et bonne femme, il fit voir un espectacle saisissant pour une vieille fille devenue cuisinière dans un presbytère. Le pillotou était en effet pouillé de mauvaises toiles de sac, laissant sa nature au grand air.
Ebahie, elle lui dit :
- Qu’avez-vous donc là ?
- ça ? mais c’est de l’esprit, répondit-il sans hésiter.
- Ah, dit-elle, Monsieur le curé me dit toujours qu’il m’en faudrait. Mettez m’en donc une miette !
Elle regardait vraiment tout cela comme une marchandise un jour de marché. Et, pour un peu, elle aurait discutaillé, chipoté et marchandé comme elle en avait l’habitude pour la viande et les légumes. Notre homme s’empressa de l’exaucer plus vite que Saint du paradis après neuvaine.
Quand le père curé revint, il ne put que constater les dégâts : son jambon n’avait plus qu’un petit fond, retenu par une ficelle intacte.
Contrit, il ne jura pas... mais tout juste ! Il se dressa devant sa bonne, et lui dit, fort en colère :
- Tout de même, ma pauvre Marie, vous n’aurez donc jamais d’esprit ?
- ah, dainme sia ! Monsieur le tchurë, le sien qu’est passé là m’ën a donnë, et ‘cor pou rin du tout !*
* ah, dame si ! monsieur le curé, celui qui est passé par là m’en a donné, et encore, pour rien du tout !
La fête de la soupe à la Gacilly 2014
Pour commencer, on fait la queue pour acheter un bol, un joli petit bol jaune. Après, on se promène, le bol à la main, et on va de boutique en échoppe, de magasin en chapiteau, pour goûter le plus de soupes possible. On ne vous en donne qu'un peu à chaque fois, ce qui fait qu'au lieu d'être rapidement rassasié, l'appétit augmente à chaque étape. Chaque soupe est numérotée: attention, il faudra voter pour élire la meilleure ! et il en est de surprenantes, de délicieuses, de celles qu'on a envie d'essayer de cuisiner dès qu'on retourne à la maison!