En passant sur la route au niveau du lieu dit "les Parcs", commune de Renac, j'ai été surprise d'apercevoir de loin ce qui ressemblait à une remontée mécanique en montagne, avec des cabines ou télésièges blancs et rouges.
Sauf que, euh, des télésièges à Renac en plein champ, ce n'est quand même pas probable. Il y a bien un téléphérique à Brest, mais en zone rurale, sans ravin ou vallée encaissée à traverser, sans qu'on ait entendu parler de quoi que ce soit...
Donc, ce sont des câbles qui descendent d'un pylône électrique, qui s'enfoncent dans la terre, et qui s'ornent de ces grosses boules qu'on voit dans le ciel pour prévenir les avions de ne pas aller s'y frotter les ailes.
Les avions ici ne volent pas si bas, et à mon avis les cultivateurs qui connaissent l'emplacement de ces corps morts de l'espace ne vont pas les défoncer avec leurs moissonneuses-batteuses. On pourra objecter qu'on ne sait jamais, que l'Homme est distrait, la preuve: même s'il sait qu'il a une poutre un peu basse dans son couloir, il peut s'y cogner la tête plus de cent fois dans sa vie. Quoi de plus facile, alors, un soir juste avant l'orage, quand on veut vite rentrer chez soi, que d'oublier ces maudits câbles, de les arracher par inadvertance et de priver le canton d'électricité, ce qui serait fâcheux, surtout en ce moment où l'électricité ne nous apporte pas que du bonheur.
En tout cas, l'endroit est calme et beau, une harde de chevreuils s'y ébat en toute quiétude, un chemin balisé où le schiste affleure par larges plaques s'enfonce dans les bois..
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Edit le 1er octobre: En passant devant le champ du téléphérique, quelle ne fut pas ma surprise en m'apercevant que les boules colorées, les fils, avaient disparu... et que le grand pylône gisait, abattu, sur l'herbe. Il avait bien perdu de sa superbe, tout rouillé qu'il était, avec ses nids - de quel oiseau, d'ailleurs - ? rabattus au niveau du sol... Je me suis dit que zut, c'était peut-être de ma faute. Et si j'avais dénoncé un secret militaire, un truc étonnant style abri souterrain avec tunnels jusqu'à la mer, un refuge pour extraterrestres ou pour bestioles préhistoriques que tout le monde pensait disparues depuis des millénaires ?
En fait, non. En continuant ma route, j'ai vu que ses autres cousins pylônes reposaient tristement au sol en attendant, je suppose, leur découpage et leur évacuation. C'est ainsi.
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